Points clés :
- Le nombre de publications d’offres d’emploi demeure élevé, malgré une baisse durant les trois premiers mois de 2023. De fortes baisses ont été enregistrées par rapport à l’année dernière dans des métropoles comme Toronto ou Vancouver, notamment en raison de l’incidence disproportionnée de la baisse du nombre de publications d’offres d’emploi de cols blancs qui les a frappées.
- En parallèle, le marché du travail canadien s’est bien porté au cours du mois de février, car le taux de chômage est resté faible, et le taux d’emploi des personnes en âge de travailler a connu de nouveaux pics, en raison de l’arrivée sur le marché de femmes diplômées et mères d’enfants en bas âge.
- Le faible taux de licenciement a permis de maintenir les niveaux d’emploi, tandis que le nombre d’embauches a augmenté en 2023, malgré l’amenuisement du désir de recruter des employeurs.
- Les niveaux d’emploi comme le rythme de croissance des salaires prospèrent de façon continue. Toutefois, si la conjoncture à l’origine de la diminution des publications d’offres d’emploi dure, cette tendance pourrait s’inverser.
Le marché du travail canadien est, de manière générale, resté en bonne santé au cours des deux premiers mois de 2023, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler ayant atteint un record en janvier, notamment en raison du taux de licenciement relativement faible. Néanmoins, si les publications d’offres d’emploi sont restées plus élevées qu’avant la pandémie, elles ont connu une diminution durant l’année passée ainsi qu’au début de cette année.
Au 31 mars, le nombre total de publications d’offres d’emploi canadiennes sur Indeed était en baisse de 15 % par rapport à l’année précédente, bien que 44 % au-delà de son niveau d’avant la pandémie. Le nombre de nouvelles publications d’offres d’emploi est également resté au-dessus des niveaux prépandémiques, mais il a chuté par rapport au début de l’année 2023 et était en baisse de 20 % par rapport à mars dernier, ce qui laisse supposer que la diminution du nombre total de publications d’offres d’emploi pourrait se poursuivre.
L’engouement pour l’embauche s’est dissipé dans la majeure partie du pays, mais la baisse la plus marquée a été enregistrée dans plusieurs régions reposant beaucoup sur le secteur des technologies et sur d’autres professions de cols blancs, postes pour lesquels les tendances en matière de publications ont été particulièrement faibles. À la fin du mois de mars, le nombre de publications d’offres d’emploi était en diminution de plus de 24 % d’une année à l’autre à Kitchener-Waterloo-Cambridge, à Toronto et à Vancouver. Ces trois villes ont commencé la période avec des concentrations relativement élevées de publications d’offres d’emploi de cols blancs.
Le nombre de publications d’offres d’emploi est également en recul ailleurs dans le sud de l’Ontario, dans les villes comme London, St. Catharines/Niagara ou Kingston, avec une diminution de plus de 19 % depuis mars 2022. En comparaison, sur la même période, le nombre de publications d’offres d’emploi est resté stable dans une quantité de villes plus petites de plusieurs provinces.
Une plus grande exposition aux postes de cols blancs n’était pas le seul facteur ayant causé des diminutions importantes dans les centres technologiques comme Toronto et Vancouver. Le nombre de publications d’offres d’emploi dans les secteurs autres que celui des cols blancs, qu’il s’agisse des centres technologiques ou d’autres villes en difficulté de l’Ontario, a également baissé davantage que dans les métropoles du reste du Canada.
L’une des causes de ce déclin excessif pourrait être attribuée aux retombées associées à la baisse des prix de l’immobilier, qui ont peut-être eu une incidence plus forte sur la demande en main-d’œuvre à Toronto et à Vancouver ainsi que dans les régions avoisinantes qu’ailleurs. Le nombre de publications d’offres d’emploi dans les secteurs de l’immobilier, de la construction et des ventes a diminué davantage d’une année à l’autre dans ces deux villes que dans les autres régions, bien que les tendances aient également été relativement faibles dans des secteurs moins sensibles à la conjoncture, comme l’éducation et, dans le cas de Toronto, les soins de santé. Par ailleurs, certains des plus petits marchés où le nombre de publications d’offres d’emploi s’est maintenu au cours de l’année passée pourraient s’avérer plutôt épargnés par les tendances observées ailleurs, du moins pour le moment.
Le marché du travail canadien a gardé un niveau stable
Malgré la situation préoccupante de la demande des employeurs, le marché du travail canadien s’est généralement bien porté. L’Enquête sur la population active a vu l’année 2023 débuter avec une forte hausse de l’emploi suivie d’une croissance modeste en février. L’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail confirme, quant à elle, que la situation est restée favorable au cours du mois de janvier.
Les gains d’emplois dans l’Enquête sur la population active concernaient tous les secteurs entre novembre et février. La construction a été une source d’apport notable, le secteur ayant gagné des travailleurs en dépit d’une conjoncture de taux élevés. Parallèlement, les secteurs de la finance, des assurances et de l’immobilier ont reculé au cours des trois mois concernés, bien qu’ils restent certains des secteurs les plus dynamiques depuis le début de la pandémie.
Les points positifs relevés par l’Enquête sur la population active concernaient une participation plus élevée de la main-d’œuvre et une croissance continue de la population. Le taux de chômage s’élevait à 5 % en février, un chiffre à peine plus élevé que celui du mois de juin dernier qui était de 4,9 %. Toutefois, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler (15 à 64 ans) a atteint un niveau record en janvier, car davantage de Canadiens sont entrés sur le marché du travail.
Les taux d’emploi sont supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie dans la plupart des groupes démographiques, y compris chez les jeunes et les hommes d’âge moyen (25 à 54 ans), mais ils sont particulièrement élevés chez les femmes d’âge moyen. Au sein de ce groupe, les titulaires d’un diplôme universitaire et les mères ayant des enfants en bas âge se distinguent, le dynamisme de ces dernières étant probablement lié à l’extension des subventions pour la garde d’enfants.
Les flux de main-d’œuvre expliquent la prospérité de l’emploi
Qu’importe les variations nettes de l’emploi dont l’Enquête sur la population active fait état, de milliers de postes sont créés ou supprimés chaque mois. Ces flux de main-d’œuvre fournissent un contexte à la récente croissance mensuelle clé de l’emploi, d’autant plus que l’engouement des employeurs pour l’embauche a diminué après avoir atteint des niveaux élevés.
Tout d’abord, les taux de licenciement et de renvoi sont restés faibles jusque-là, et ce, malgré la faible croissance économique et l’incertitude continue. Cela pourrait être le signe d’une « thésaurisation de la main-d’œuvre », c’est-à-dire que les entreprises gardent leurs employés aussi longtemps qu’elles le peuvent, en dépit d’une conjoncture peu favorable, afin d’éviter d’avoir à trouver de nouveaux travailleurs si la situation économique s’améliore.
En parallèle, après un second semestre 2022 engourdi, le taux d’embauche a rebondi en 2023 pour atteindre des niveaux saisonniers plus typiques, malgré une diminution récente de l’ensemble des occasions. L’une des raisons possibles peut être attribuée à la difficulté de pourvoir les postes vacants lorsqu’ils étaient à leur apogée, ce qui s’est traduit par un nombre relativement faible de nouvelles embauches par poste vacant. Par conséquent, il était possible d’améliorer l’efficacité de l’attribution des postes vacants, ce qui pourrait expliquer pourquoi les nouvelles embauches se sont maintenues jusqu’au début de l’année 2023, malgré un engouement pour l’embauche plus faible qu’au milieu de l’année 2022. Cela dit, la situation pourrait changer si la diminution du nombre de publications d’offres d’emploi se poursuit.
La croissance des salaires de l’Enquête sur la population active est restée élevée au cours du mois de février
Comme les chiffres globaux de l’emploi, la croissance des salaires est restée soutenue. L’Enquête sur la population active et certaines mesures de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail ont montré que les salaires horaires avaient augmenté de près de 5 % d’une année à l’autre, à la fin de 2022, avant que la croissance des salaires, comme l’a mesurée l’Enquête sur la population active, n’augmente encore en février (les chiffres de janvier étaient moins élevés dans l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail). La croissance des salaires mesurée par l’Enquête sur la population active a, de manière générale, concerné toutes les professions à différents niveaux de l’échelle salariale. Dans l’ensemble, la croissance continue et robuste des salaires suggère que le resserrement du marché du travail au cours des deux dernières années l’a emporté sur les signes plus récents d’une baisse de l’engouement pour l’embauche, du moins pour l’instant.
La situation actuelle peut-elle durer?
La question économique clé qui pèse sur le marché du travail canadien d’aujourd’hui reste la même : l’inflation peut-elle reculer sans déclencher une récession? La situation de l’emploi est restée favorable depuis le début de l’année, mais la diminution du nombre de publications d’offres d’emploi et la possible hausse du nombre de licenciements constituent une menace, bien que celle-ci ne se soit pas encore concrétisée après des mois d’existence.
Méthodologie
Tous les chiffres liés aux offres d’emploi dans ce billet de blogue représentent l’indice des publications d’offres d’emploi canadiennes désaisonnalisées sur Indeed et rapportées au 1er février 2020, en utilisant une moyenne mobile de sept jours. Le 1er février 2020 est notre base de référence d’avant la pandémie. Nous corrigeons les variations saisonnières de chaque série en fonction des tendances historiques de 2017, 2018 et 2019. Chaque série, y compris la tendance nationale, les secteurs professionnels et les zones géographiques infranationales, est désaisonnalisée séparément. Cette semaine, nous avons appliqué notre révision trimestrielle, qui met à jour les facteurs saisonniers et corrige les anomalies de données. Les chiffres historiques ont été révisés et peuvent différer des valeurs initialement communiquées. Les nouvelles offres d’emploi sont des publications datant de sept jours ou moins.
Le nombre de publications d’offres d’emploi sur Indeed, que ce soit en matière de sollicitations d’emplois rémunérés ou non rémunérés, n’est pas une indication des revenus ou des bénéfices d’Indeed, qui comprend un pourcentage important du segment de HR Technology appartenant à son entreprise mère, Recruit Holdings Co., Ltd. Les chiffres relatifs aux offres d’emploi sont fournis à titre informatif uniquement et ne doivent pas être considérés comme un indicateur du rendement d’Indeed ou de Recruit. Veuillez consulter le site Web des relations avec les investisseurs de Recruit Holdings et les déclarations réglementaires au Japon pour obtenir des renseignements plus détaillés sur les recettes générées par le segment HR Technology de Recruit.
Pour calculer la croissance des salaires à pondération fixe dans l’Enquête sur la population active, nous répartissons les microdonnées de l’enquête en question pour chacun des 43 groupes de professions en trois niveaux de longévité de poste (6 mois ou moins, de 7 à 24 mois et 25 mois et plus), puis nous recalculons les salaires moyens en une mesure corrigée de la composition, en maintenant leurs pondérations respectives constantes aux niveaux de février 2020.