Les offres d’alternance et d’apprentissage, tout comme les recherches des candidats pour ces postes, ont peu souffert de la crise. Pour les employeurs, les apprentis représentent une main d’oeuvre peu chère, qu’il faut certes former, mais qui peut se montrer fidèle en restant quelques années dans l’entreprise pour gagner en expérience. Pour les jeunes, c’est l’occasion, en pleine crise économique, d’acquérir des savoirs et des compétences dans des secteurs où la main d’oeuvre manque parfois.
Comme sur de nombreux indicateurs, l’impact du confinement se constate sur les offres d’emploi en alternance et en apprentissage à partir du début du mois d’avril. En nombre absolu comme dans la part dans l’ensemble des annonces sur Indeed.fr, le poids de l’alternance faiblit jusqu’à la mi-juin. À partir de cette date, le rattrapage est très clair : la part des offres en alternance ou en apprentissage est beaucoup plus élevée cette année qu’en 2019 ou 2018. Sur la période du 1er août au 15 septembre, le nombre d’offres avait même augmenté de 12 % par rapport à 2019 et de 25 % par rapport à 2018.
Beaucoup de secteurs participent à cet effort de recrutement des apprentis, facilité par les réformes récentes qui ont fait de l’apprentissage un des vecteurs de la politique de réduction de l’asymétrie entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Ainsi les métiers de la vente et de la prospection commerciale, du service client, de la restauration, de la vente de détail, de la maintenance et de la réparation affichent-ils une hausse sensible par rapport à leur part dans le total en 2018. À noter que contrairement à tous les autres métiers sus-cités, le secteur de la maintenance et de la réparation figure traditionnellement parmi ceux qui peinent le plus à recruter.
Inversement, quelques secteurs ont fait le choix de réduire leur effort de formation d’apprentis. C’est surtout le cas de l’industrie et des ressources humaines. Si pour le premier, le constat est inquiétant pour le maintien de l’emploi industriel en France et la conservation des savoir-faire, le résultat pour le second s’explique aisément par les effets de la crise sur le marché du travail, et donc l’activité des départements RH. Ce constat peut également s’appliquer au secteur de l’hôtellerie et du tourisme, touché directement par la crise. Le secteur de la banque et de la finance, à forte valeur ajoutée, figure aussi parmi ce « flop 5 » de l’apprentissage.
Du côté des candidats, l’intérêt est indéniablement au rendez-vous puisque les recherches pour de l’apprentissage ou de l’alternance ont représenté près de 4,5 % de l’ensemble des recherches sur Indeed.fr à la mi-juillet. L’intérêt retombe légèrement en septembre, en raison de la forte saisonnalité de ce segment du marché du travail. Les expériences en alternance et en apprentissage s’effectuent en effet le plus souvent dans le cadre d’une formation dont elles doivent respecter le rythme, et sont très souvent proposées en début d’année scolaire, universitaire ou civile.
La crise économique tout comme les mesures incitatives du gouvernement en faveur de l’apprentissage (jusqu’à 8 000 € d’aide pour financer le recrutement d’un apprenti à la rentrée 2020) auront donc convaincu pour l’instant les entreprises de former plus de jeunes qu’à l’accoutumée. Une lueur d’espoir pour beaucoup d’entre eux, dans la mesure où ils sont parmi les plus touchés par la crise sur le marché du travail. Espérons que ce volontarisme se maintienne dans les années qui viennent.
Méthodologie
Les données concernant les offres d’emploi dans l’alternance et l’apprentissage sont rapportées au total des offres et exprimées en pourcentage. Les données par catégories de métier sont exprimées en part de l’ensemble des offres en alternance et en apprentissage.
Les données concernant les recherches sont rapportées à l’ensemble des recherches effectuées sur Indeed.fr, et exprimées en pourcentage.