Points clés
- En Allemagne, en France et au Royaume-Uni, la part du télétravail dans les offres reste à ses niveaux les plus élevés, aux alentours de 10 % pour la France contre 15-16 % pour ses deux voisins.
- Parmi les six plus grandes économies européennes, l’Espagne est le pays où les employeurs proposent le plus souvent du télétravail dans les annonces, avec 18 % du total. En Italie, où le poids du télétravail est le plus faible (8 %), la part des offres dans lesquelles le télétravail est mentionné apparaît toujours en recul par rapport à son plus haut de 2021 (10 %).
- Aux États-Unis, où le recul du télétravail dans les offres est notable (8 % contre 10 % début 2022), la chute des projets de recrutement dans le secteur technologique fait figure de principale explication. Un effet similaire s’observe en Allemagne : le poids du télétravail dans les annonces serait plus important (16 %), et au-dessus de son plus haut historique de 15 %, si la part du secteur du numérique dans les annonces n’avait pas diminué par rapport à 2022.
Le télétravail est toujours une réalité sur le marché du travail en Europe. Comme nous le notions précédemment, il continue de prospérer sous la forme d’aménagements plus flexibles que ce que les salariés ont connu pendant les confinements.
Le télétravail continue de se développer dans les offres comme dans les recherches
Si des différences entre pays existent, les tendances sont les mêmes dans les principaux pays européens. La part des offres mentionnant le télétravail est ainsi plus de deux fois plus élevée en Espagne (17,9 %) qu’en Italie (7,8 %) au 31 décembre 2023. Mais dans cinq des six grandes économies européennes, cette part reste proche de son record historique. L’Italie, qui a connu un pic de télétravail en 2021, fait figure d’exception, mais cette particularité disparaît si l’on considère la tendance récente et la progression constante du télétravail dans les offres en 2022 et 2023. Comme pour les évolutions salariales, la structure des marchés du travail influe sur le poids du télétravail dans les offres. À structure équivalente, les différences entre pays se réduisent un peu, mais demeurent.
Du côté de l’offre de travail et des recherches des candidats, les niveaux sont plus faibles. Les mots clés en rapport avec le télétravail ne se retrouvent que dans 3 % ou moins des recherches (3,1 % en Allemagne, 2,6 % en Espagne et 2,7 % au Royaume-Uni ; moins de 1,0 % en France et aux Pays-Bas et 2,0 % en Italie). Mais le nombre de mots dans une recherche est beaucoup plus faible que dans une offre d’emploi. Beaucoup de recherches ne comportent même aucun mot. Surtout, le fait que ces proportions soient au niveau de leurs plus hauts historiques démontre l’intérêt des candidats pour le télétravail et qu’ils intègrent cette dimension dans leur stratégie de recherche d’emploi.
Le secteur technologique a une grande influence sur le télétravail en Allemagne et aux États-Unis
Le potentiel de télétravail dépend fortement des métiers. La plupart des emplois dans le secteur technologique par exemple peuvent être exercés à distance, d’où l’importance de vérifier si la progression du télétravail dans les offres ne reflète pas uniquement un effet de structure, qui résulterait de l’augmentation du poids des métiers qui se prêtent le plus au télétravail dans le total des offres.
En France, le poids des métiers du numérique n’influe pas sur la part du télétravail dans les offres. C’est également le cas au Royaume-Uni. En Allemagne, le poids du télétravail dans les annonces serait légèrement plus important (15,7 % contre 14,6 % au 31 décembre 2023), et au-dessus de son plus haut historique de 15,3 %, si la répartition des annonces par famille de métiers était restée la même qu’en juillet 2022. C’est aux États-Unis que la divergence entre les deux tendances est la plus marquée, puisque le poids du télétravail serait resté stable sur 2022 et 2023 au lieu de diminuer si les recrutements n’avaient pas significativement ralenti.
Conclusion
Le télétravail poursuit donc sa progression sur le marché du travail en Europe. Au-delà des enjeux organisationnels et du bouleversement qu’il occasionne dans les habitudes de management, il reste un atout pour les entreprises et les candidats dans un marché où la mobilité est contrainte par la crise immobilière et l’effet des augmentations de salaires dilué par la hausse des prix de ces dernières années.
Méthodologie
Avertissement : Indeed Hiring Lab a précédemment publié un indicateur exclusif appelé Remote Job Tracker. Il permet de mesurer la proportion globale des offres d’emploi qui incluent des mots-clés associés spécifiquement au travail à distance. Aujourd’hui, le travail hybride associant présentiel et télétravail se positionne comme la principale modalité de travail flexible, et représente un sujet d’intérêt croissant pour les chercheurs d’emploi, les employeurs et les décideurs. Nous mettons ainsi notre outil à jour et le renommons Remote & Hybrid Job Tracker. Cette nouvelle série s’appuie sur la définition du travail à distance précédemment utilisée pour développer Remote Job Tracker, mais inclut désormais des termes plus généralement associés aux propositions de travail hybride.
Un examen approfondi de la méthodologie qui sous-tend l’outil Hybrid/Remote Tracker d’Indeed est disponible ici.