Principaux enseignements :
- Les taux de chômage ou d’activité ont peu varié au quatrième trimestre 2023, tandis que les volumes d’offres d’emploi continuent de résister sur le marché français, de plus en plus isolé (+50,3 % depuis le 1er février 2020 vs. +27,4 % en Allemagne). Le rebond du volume d’offres de début d’année est cependant plus faible que les années précédentes.
- L’écart entre l’Île-de-France et les autres régions en termes de dynamisme des recrutements se réduit : les volumes d’annonce chutent plus rapidement en province.
- Le ralentissement des recrutements ne suffit pas à résorber les tensions et les disparités parfois exacerbées par la pandémie : dans la puériculture, le commerce de détail ou le nettoyage et l’assainissement, l’intérêt des candidats ne suit pas les besoins des recruteurs.
- Les annonces pour les métiers de l’innovation ne chutent pas, à l’exception du développement informatique. C’est pour le moment une exception française.
Le marché du travail résiste toujours
Avec un taux de chômage quasi stable sur le quatrième trimestre (7,5 %), le marché du travail français affiche toujours des conditions très favorables. Le taux d’activité (la part de personnes actives, en emploi ou non, dans la population âgée de 15 à 64 ans) est en hausse de 0,3 point sur le trimestre et s’établit à 74,1 %, un plus haut depuis le début des mesures en 1975. Les créations nettes d’emploi sur le quatrième trimestre sont restées légèrement positives (+11,9k), malgré les estimations qui faisaient état d’un chiffre négatif.
Pour autant, le volume global d’offres d’emploi sur Indeed s’érode depuis le début de 2023. Mi-février, il était en recul de 16,6 points sur un an (mais se situait 50,3 % au-dessus de son niveau du 1er février 2020). Le marché français se montre néanmoins plus résistant que les marchés allemands, britanniques ou américains, dont les volumes d’offres stagnent voire baissent depuis le début de 2022. Ainsi, il y avait mi-février moins d’offres d’emploi sur le site britannique d’Indeed qu’avant la pandémie (-4,5 % en volume). Les marchés allemands et américains affichent quant à eux un indice à +19,8 % et + 27,4 % respectivement.
Le rebond du volume d’offres qui a traditionnellement lieu en début d’année a cependant été plus faible cette année que les années précédentes. Il a en effet subi un coup d’arrêt assez net pendant la troisième semaine de janvier, alors qu’il s’était jusque-là poursuivi jusqu’en février au moins en 2019, 2021 et 2022. L’année 2023 quant à elle fut assez particulière en raison de la faiblesse de la chute du volume de fin d’année.
Des disparités régionales et sectorielles qui persistent
Les dynamiques régionales sont tout aussi divergentes. Le volume d’offres a moins augmenté en Île-de-France que dans les autres régions, et ce sur toute la période 2020-2023. Mais il apparaît plus résistant que dans d’autres régions. Les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, qui affichaient les deux plus hauts taux de croissance de France continentale il y a un an (avec respectivement + 98,4 % et +85,5 %) perdent plus de 20 points de croissance. C’est également le cas d’Auvergne-Rhône-Alpes et des Hauts-de-France, qui se retrouvent ainsi sous la moyenne nationale. L’Île-de-France ne perd qu’une dizaine de points. Seules la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté s’en sortent mieux en France continentale.
Ces évolutions dans la demande de travail des entreprises ont des conséquences sur le rapport de force entre candidats et recruteurs dans tous les segments du marché du travail.
Les clics par annonce relatifs, c’est-à-dire corrigés de la tendance générale (voir la méthodologie en fin d’article), baissent fortement par rapport au 1er février 2020 dans les métiers de l’immobilier, des soins personnels et médicaux à domicile et du commerce de détail, signe que l’intérêt des candidats ne suit pas l’accroissement du volume d’offres pour ces métiers et que donc la « tension » de recrutement s’accroît. Un salaire faible ou la pénibilité du poste sont des obstacles importants pour le recrutement dans beaucoup de ces métiers.
Les métiers du transport routier ou du support et développement informatiques affichent des progressions de clics par annonce importantes, alors que l’on observe une croissance faible ou une chute du volume d’annonces. Sur le dernier mois, les tensions de recrutement se sont encore accrues dans le commerce de détail, la médecine-chirurgie ou la puériculture, et se sont relâchées dans la construction ou l’agriculture et la foresterie.
Recrutement et innovation : des motifs d’espoir ?
Comme déjà souligné précédemment, la possibilité de continuer à créer des emplois et proposer des salaires qui soutiennent le pouvoir d’achat passe par une augmentation de la productivité. Le recrutement pour des postes innovants peut être un moyen de mesurer les intentions des entreprises. Dans le développement informatique, les mathématiques et les statistiques, la recherche et développement ainsi que le génie industriel, les volumes d’annonce ont baissé significativement dans la plupart des pays occidentaux. La France ne fait pas exception à cette tendance, mais les recruteurs semblent pour le moment maintenir leurs projets dans ces métiers, à l’exception notable du développement informatique, pour lequel les volumes d’annonces ne sont plus que 3,5 % au-dessus de leur niveau de 2020. Cela reste néanmoins supérieur à l’Allemagne (-11,7 %) ou au Royaume-Uni, où les offres ont été divisées par presque deux (-46,9 %). La résistance des volumes d’offres en France est particulièrement notable dans les mathématiques et les statistiques (+12,4 % comparé à -47,6 % au Royaume-Uni) ou dans la recherche et développement (+37,5 % contre -18,7 % au Royaume-Uni). Il reste à voir comment réagiront les volumes dans ces secteurs par rapport au volume global en cas de dégradation des anticipations ou de la conjoncture.
Conclusion
Les dynamiques actuelles, synthèses de l’accroissement des tensions de recrutement et la nécessité d’innover, rappellent l’importance de continuer à moderniser le marché du travail, en mettant l’accent sur la flexibilité, la formation et l’équité pour attirer et retenir les compétences dans un marché en constante évolution.
Méthodologie
Tous les chiffres de ce blog correspondent à l’évolution en pourcentage du volume d’offres d’emploi (corrigé des variations saisonnières et lissé avec une moyenne mobile sur sept jours) depuis le 1er février 2020 (notre référence pré-pandémie). Les variations saisonnières de chaque série sont corrigées en fonction des tendances historiques de 2017, 2018 et 2019. Chaque série (nationale, sectorielle ou régionale) est désaisonnalisée séparément. Les séries de données sont téléchargeables sur GitHub.
Le taux de clics par annonce relatif permet d’évaluer l’évolution de l’intérêt des chercheurs d’emploi pour une catégorie de métiers, par rapport à la tendance nationale et à la référence pré-pandémie du 1er février 2020. Le taux de clics par annonce relatifs est le quotient du nombre moyen de clics par offre d’emploi pour chaque catégorie de métiers par rapport à la référence pré-pandémie, et du nombre total de clics par offre d’emploi par rapport à la référence pré-pandémie.Le volume d’offres d’emploi publiées sur Indeed.com, qu’elles soient rémunérées ou non, n’est pas indicatif des revenus ou des bénéfices potentiels d’Indeed, qui constituent une proportion importante du segment « HR Technology » de sa société mère Recruit Holdings Co., Ltd. Le volume d’offres d’emploi est fourni à titre d’information uniquement et ne saurait être considéré comme un indicateur de performance d’Indeed ou de Recruit. Veuillez vous reporter à la page « Relations investisseurs » de Recruit Holdings et aux documents réglementaires déposés au Japon pour obtenir des informations plus détaillées sur la génération de revenus du segment « HR Technology » de Recruit.