Principaux enseignements :
- Le taux de chômage reste à un plus bas (7,3 %) malgré une destruction nette d’emplois salariés au quatrième trimestre, tandis que le taux d’activité perd 0,3 point.
- Le volume global d’offres d’emploi poursuit sa baisse, sauf dans les métiers des services à la personne et du nettoyage qui restent difficiles à pourvoir : leur volume d’offres a été multiplié par 2 à 3 depuis 2020. Les salaires dans les offres continuent à décélérer, à +1,6 % sur un an en décembre 2024.
- La campagne de recrutement de début d’année est particulièrement faible en 2025, bien que les candidats soient toujours plus actifs qu’il y a deux ou trois ans.
Un marché du travail en voie de « normalisation »
Malgré un taux de chômage stable sur le dernier trimestre de 2024 (à 7,3 %), le marché du travail français montre des signes de faiblesse. Le taux d’activité (la part de personnes actives, en emploi ou non, dans la population âgée de 15 à 64 ans) a chuté de 0,3 point à 74,4 %, sous l’effet notamment du ralentissement de l’apprentissage qui affecte défavorablement le taux d’activité des jeunes. Les créations nettes d’emplois salariés sur le quatrième trimestre ont été négatives pour la deuxième fois depuis 2020, avec plus de 90 000 emplois détruits. Le deuxième trimestre 2024 avait déjà été marqué par une destruction nette d’emploi pour la première fois depuis la pandémie, avec près de 10 000 emplois détruits.
La demande de travail des entreprises continue de s’ajuster à la baisse. Le volume global d’offres d’emploi sur Indeed s’érode en effet depuis le début de 2023. Au 28 février 2025, il recule de 6,8 points depuis le début de l’année (mais se situe toujours 27,7 % au-dessus de son niveau du 1er février 2020). Par rapport à 2020, le volume d’offres en France est à présent comparable à celui de l’Allemagne. l’Espagne et l’Italie restent sur des niveaux robustes (plus de 50 % d’offres en plus) et semblent avoir au moins momentanément enrayé la chute du volume d’annonces. Enfin, il y a moins d’offres d’emploi sur le site britannique d’Indeed qu’avant la pandémie (-16,1 %).
Des disparités selon les métiers qui se sont accrues depuis la pandémie
Cette érosion du volume d’annonces en moyenne ne doit pas occulter les pénuries de recrutement sévères qui existent dans certains métiers, où les volumes se maintiennent sur des niveaux élevés. En règle générale, les offres qui ont du mal à trouver preneur concernent les métiers peu rémunérés, pas accessibles en télétravail et comprenant parfois une dimension de pénibilité. Dans les soins personnels et médicaux à domicile, les soins infirmiers, la médecine-chirurgie, les volumes d’annonce sont de l’ordre de trois fois ceux d’avant la pandémie. C’est plus de deux fois dans la thérapie et l’accompagnement ou le nettoyage et l’assainissement. À l’inverse, la demande de travail dans le développement informatique est très en-deçà de son niveau d’avant crise. Dans les médias, la communication et le marketing ou le génie industriel, la demande de travail est en dessous de son niveau pré-pandémie. Sur les trois derniers mois, c’est la demande dans la médecine-chirurgie et l’hôtellerie-tourisme qui a enregistré les plus fortes hausses. La demande a sensiblement freiné dans le commerce de détail.
Les salaires dans les offres continuent de décélérer, comme c’est le cas depuis la mi-2023. En décembre 2024, la hausse sur un an atteignait 1,6 % (en moyenne mobile 3 mois). Cette dynamique devrait notamment inciter la Banque centrale européenne à poursuivre ses baisses de taux cette année.
Une dynamique de début d’année qui confirme le changement de rapport de force
Enfin, le profil de la redémarrage du marché du recrutement après les fêtes de fin d’année reflète la raréfaction des opportunités pour les candidats et les contraintes des entreprises. Comme l’année dernière, le volume d’offres peine en effet à rebondir après la chute saisonnière de la seconde moitié du mois de décembre. Le contraste est marqué avec les années 2021-2023.

L’intérêt des candidats a en revanche été au rendez-vous en début d’année. Même s’il reste en retrait par rapport à l’année précédente, il est plus élevé qu’en 2021, 2022 ou 2023.

Le ralentissement du marché du travail souligne l’enjeu de long terme de parvenir à relancer la croissance par l’innovation pour créer des emplois de qualité. Sans cela, la création d’emplois et la progression des salaires resteront sous pression.